Ta vie, ton combat. Ta mort, ma révolte !

Avec toi

08/09/2007 00:00

Notre toute première rencontre, eut lieu à la gare en décembre 1992, j'allais prendre le car pour rentrer chez moi, après ma journée de stage à la clinique. J'étais bien en avance, mais n'ayant pas l'habitude d'être seule en ville, je décidai donc d'attendre tranquillement sur place. Là, je te vois, tu es assis par terre, recroquevillé sur toi, à cause du froid de ce mois de décembre. Ce qui m'interpelle, c'est que tu pleures… Je n'étais vraiment pas de nature à aller vers l'inconnu mais là, je ne peux m'en empêcher ! Je ne sais pas pourquoi, quelque chose m'a interdit de suivre tous ces gens qui passaient sans même jeter un coup d'œil. Mais comment t'aborder ?  Tu pleurais comme un petit garçon abandonné. Je tentais la plus nulle des méthodes qui soit, et en parlant, je m'en rendais bien compte.  Évidemment… un « bonjour, ça va ? » adressé à une personne qui pleure, est loin d'être très approprié… mais c'est tout ce que j'ai trouvé à dire sur le moment. Et finalement… pas si mal compte tenu que vu la connerie que je venais de sortir, tu m'as sourit ! Tu as cessé de pleurer. Nous venions, en échangeant ces mots, de modifier à jamais le cours de notre destin. Mais ça, nous ne le savions pas encore… Une amitié était née en quelques instants. On a discuté un peu de banalités, tu m'as remerciée en me disant peut-être à demain, puis j'ai dû prendre mon car. Je ne savais pas ce qui avait pu te mettre dans un tel état. Je crois que tu étais le premier homme que je voyais pleurer ! Comment était-ce possible ?  Pourquoi t'être confié à moi, ce jour-là ? Tu n'aimais pas ton prénom, il te rappelait trop ton père. Lui seul t'appelait Frédéric, ta mère, elle, t'avait toujours surnommé Fredo. C'est ainsi que naturellement je t'ai appelé Fred, pour moi c'était une évidence.  Le lendemain, j'attendais avec impatience le moment de me rendre à la gare. Quelque chose en moi me disait que nous devions nous revoir.  Bingo ! Tu étais là, et tu m'attendais. On a passé un long moment à parler ensemble. Je tentais même avec le peu d'audace que j'avais à l'époque de te demander ce qui c'était passé la veille. J'obtins pour toute réponse un : “Oh c'est compliqué, des problèmes familiaux”… Je n'insistais pas plus ! Je ne sais pas comment tout ça a commencé, mais une chose est sûre, c'est que ces deux heures passées ensemble allaient métamorphoser ma vie. Tu avais 18 ans et un passé bien trop lourd à porter seul. Je n'avais que 15 ans 1/2 mais j'étais prête à tout entendre. (Avec du recul aujourd’hui, peut-être tout, sauf cela !) Nous n'étions pas censés nous revoir. Mon stage était terminé et je reprenais la direction du collège, bien loin de toi. C'était une sensation étrange, nous ne nous connaissions que depuis 2 jours, en ayant discuté deux heures sur un quai de gare… Que pouvait-il bien se passer ?  Les jours, les mois ont passé et j'ai fini par arriver au lycée, empruntant cette même gare tous les soirs. Je pensais toujours à toi et le lieu réactiva mes souvenirs.  Plus de 9 mois venaient de s'écouler, quand par le plus grand des hasards, nous nous sommes recroisés au même endroit. De ce jour, tous les moyens étaient bons pour nous voir.  Les heures avant les cours, certains soirs avant que je ne rentre… les cours annulés, un véritable bonheur, et même les quelques jours ou j'ai carrément séché. (Et oui, incroyable !)  Je ne le regrette absolument pas, sauf peut-être de ne pas l'avoir fait plus souvent ! Nous marchions, laissant nos pas nous guider au fil des rues. Tu m'offrais un chocolat lorsqu'il pleuvait. Combien de personnes avons nous observé, cherchant à deviner ce qu'elles pensaient, où elles allaient… de la femme qui court à l'homme avec son attaché-case, en passant par l'enfant tracté par une main qui avance trop rapidement ; et ce chien… au bout de sa laisse ? Lorsque le temps le permettait, on allait s'assoir dans un square… et cette fourmi qui court sur ton bras, inconsciente, sait-elle ce qu'elle va devenir ? N'est-il pas plus dangereux pour elle de remonter un bras que de traverser une route de campagne ?  Après avoir discuté ainsi pendant quelques semaines où tout semblait bien à quelques détails troublants près… nous nous sommes mis à nous voir chez toi. En effet le temps ne permettait plus qu'on erre sans but.  Je me souviens de la première fois où tu m'as emmenée là-bas. Dans le centre, tout près de cette gare… notre gare. L'escalier miteux, tagué de la rampe au mur, ta main dans la mienne.  Je t'entends encore me dire que l'escalier semblait « craignos » mais que c'était juste des mômes qui se prenaient pour de grands voyous. Un étage, trois portes, la tienne est au fond. Tu commences par me faire écouter ta sonnette. Oui, très important la sonnette, celle qui ne sonne jamais, puisque tu ne reçois personne. Tu me fais rire, te voilà lancé dans un débat sur les sonnettes. On dirait un représentant. « -Voilà, la sonnette de monsieur tout le monde fait DRINGGGGG… Mais attention ! La mienne est très class, elle fait DIN-DONGGGG. » Je t'avais alors répondu de ne pas t'en faire, que moi j'allais la faire sonner souvent !  Nous entrons. Petit tour du propriétaire. Deux pièces. La pièce principale, un canapé, une table et un coin cuisine. Pas de décoration, de photos, rien… Ta chambre, un peu plus personnelle. Une étagère avec une maquette de bateau, une armoire, un matelas par terre, des coussins, des livres.  Nous avions discuté un peu, et tu m'avais raccompagné à la gare. Malgré cette proximité qu'il y avait entre nous, il y avait aussi une sorte de distance infranchissable que je ne m'expliquais pas…  Assis par terre nous pouvions discuter des heures et pourtant sans vraiment rien se dire.  D'un coup, le fait de nous rencontrer seuls chez toi, a provoqué une sorte de cassure sur cette apparence que tu voulais me donner. Une crise de larmes a surgi de nul part. Ce jour où tu as fondu en larmes. Je ne me souviens même pas de quoi nous parlions, mais cela n’avait rien à voir. Rien qui pouvait me mettre sur la voie. Tu as tout à coup disparu, la tête dans les coussins. Repoussant mes tentatives d'approche. T'enfermant dans ton mutisme. Je me suis sentie tellement impuissante. La seule chose que je pouvais te proposer à ce moment-là c'était mon épaule pour pleurer mais tu l'as refusé vivement. Ce jour-là tu as eu beaucoup de mal à te calmer, tu ne pouvais en aucun cas me dire quoi que se soit.  J'étais mal pour toi, je ne savais pas ni où ni comment me positionner.  Il a fallu plusieurs jours pour que tu puisses me dire quelque chose de très dur. 
Que ton père t'avait maltraité m'as-tu dit ce jour-là ! J'étais bien loin d'imaginer la suite…, ton enfance, ta douleur !  De confidences en confidences, de quart d'heure en demi-heure volés, je découvrais l'importance de ton traumatisme et des séquelles de ton enfance.  De cauchemars en horreur je découvrais qui était cet odieux personnage qui réclamait le nom de « père. » Tu étais dans un tel désarroi et c'est là que j'ai compris le pourquoi tu refusais tous les contacts quels qu'ils soient… Tout a commencé dans ton souvenir par des engueulades parce que tu ne voulais pas prendre ta douche ou tout au plus faisait tourner ta mère en bourrique parce que ce n'était jamais le bon moment.  Tu n'avais pas fini de jouer ! Une course avec tes playmobils, une construction en cours… Je t'entends d'ici. - « Attends maman, j'arrive ! »  Quoi de plus normal pour un enfant ?
 
Mais tout a dérapé ici, quand un jour ton père a subitement décidé qu'il en avait assez et que dorénavant, la douche se serait son domaine. Ce qui permettait à ta mère de préparer le dîner tranquillement. A 8 ans, on se lave seul mais plus c'est rapide et plus vite on peut retourner jouer… Seulement il en avait décidé autrement ! 
Prétextant que tu faisais ça n'importe comment, il t'imposa un récurage quotidien qu'il faisait lui-même, insistant bien sur ton sexe.
….
[ Je coupe volontairement certains passages que je ne suis pas prête à mettre en ligne]

Très mal à l’aise, tu ne comprenais pas pourquoi, que s’était-il passé ? Mais ce malaise fit que tu ne dis rien.  De plus en plus insistant jour après jour. De plus en plus présent chaque fois que tu devais t'habiller ou te déshabiller. La « douche corvée » devient vite la « douche horreur. » 
De ce jour, fini l'insouciance. Il a commencé à te rejoindre dans ta chambre.  Ta souffrance ne faisait que commencer parce que l'épisode douloureux de la douche, tu lui trouvais encore des excuses, il n’avait pas du faire exprès de te faire mal ! Par contre, comment trouver des explications lorsqu’il venait te retrouver dans ta chambre ; pour te toucher, avec un malin plaisir à te faire culpabiliser […].
Les jours passent, puis les mois et les années. Tu te dis que c’est sûr, ça ne s'arrêtera jamais !
Mais pire, l'horreur va crescendo […].

 

Chaque fois que ta mère vous laissait seuls, l'horreur se renouvelait, pire de jour en jour. Sont venues les fellations qu'il te faisait alors que pleurant, tu le suppliais d'arrêter, que tu ne voulais pas. Alors il te traitait de menteur, te persuadait que tu y prenais du plaisir et que tu n'étais qu'un petit égoïste compte tenu que lui ne te demandait rien en retour ! 

Alors il se fâchait et commença à dire qu'avec tout ce qu'il t'avait appris tu étais maintenant assez grand. Que si tu ne voulais plus du soi-disant « plaisir » qu'il t'offrait simplement et bien d’accord… Là, il t'a piégé en te demandant si tu étais bien sûr ! Évidemment que tu étais certain ! Sauf que ce n'était pas un choix que tu avais !  Il a simplement inversé les rôles sans pour autant alléger tes souffrances, mais il a réussi à tué le peu de respect qu'il te restait à son égard.  Il t'a obligé à LE toucher, à lui faire des fellations, tu ne pouvais pas alors il a employé la force une fois de plus, t'étouffant pour assouvir ses moindres désirs pervers. […..] 
Il a osé te pénétrer finissant de te salir… Jour après jour. Lorsque l'année de tes 13 ans tu as essayé une fois de plus de le repousser, il t'a dans son élan de furie cogné au visage. Première fois qu'il laissait une trace apparente.  Et là en rentrant, ta mère voyant ton visage, lui a dit : « Qu'est ce que TU lui as fait ? »  Tu t'es contenté de dire que tu t'étais battu à l'école, tu ne voulais pas que ta mère sache, non, elle ne l'aurait pas supporté. Comment peut-on avouer une chose pareille ?  Ceci a été le déclic, il ne t'a jamais plus touché… Aurait-il eu la peur de sa vie ?  Un simple œil au beurre noir t'a délivré du présent… qui durait depuis 5 années interminables. Ta mère n'a plus jamais été la même, elle a sombré dans une dépression « apparemment inexpliquée »… Plus ça allait plus elle était distante avec ton père, et même avec toi. Non pas que tu aies eu le sentiment qu'elle ne t'aimait pas, mais avec le recul, plutôt comme une gêne. Cependant, tu n'aimais pas parler de ta mère, tu l'aimais trop pour risquer un jour de lui en vouloir de n'avoir pas vu à temps pour pouvoir te défendre. Pourtant elle n'a pas su voir que son fils, son bébé, était en pleine détresse. Qu'il était trop renfermé, qu'il avait peur de son propre père, et qu'il suppliait en silence pour ne plus jamais se retrouver seul face à son bourreau ! Les choses se sont pourtant déroulées de telle sorte qu'à un moment ou à un autre, elle a du comprendre ou tout au moins avoir des soupçons ! Sinon, pourquoi cette phrase tranchante adressée à ton père…  « Mais qu'est ce que tu lui as fait ? » Je ne rêve pas ! On ne lance pas une telle accusation à la personne qu'on aime et en qui on a confiance ! Pourquoi aurait-elle eu ce changement radical de comportement, cette sourde dépression dans laquelle elle s'est enfermée… pour finir par se suicider, sans un mot, sans une explication !  Ce ne sont que des interprétations mais pour moi elle savait. C'est ce poids qui était trop lourd pour elle… mais en partant, elle t'a abandonné à ce salaud alors que tu n'étais même pas encore majeur ! Après son terrible silence complice, elle te lâchait pour de bon ! Seule une accusation de sa part à elle aurait peut-être pu alléger tes souffrances, te sentir délivré de son emprise, faire reconnaître le mal qu'il t'avait fait subir. Au lieu de ça… elle a emporté le secret avec elle, te nouant à lui à jamais. Quatre années venaient de s'écouler péniblement et tu te retrouvais confronté à lui, sans elle entre vous. A dix-sept ans tu as eu la force de lui lancer un ultimatum. En lui disant qu'il ne t'impressionnait plus mais que tu refusais de vivre avec lui sous le même toit ! Soit il te trouvait un appartement qu'il payait entièrement soit tu le dénonçais, maintenant que tu n'avais plus ta mère à protéger !  Sans aucune tergiversation, il acceptât ! Soulagé, tu ne cherchas jamais à comprendre s'il avait eu peur de la menace ou s'il s'était purement et simplement débarrassé de toi. 

Tu te retrouvais seul, livré à toi-même, avec en plus le deuil de ta mère à faire.

Petit à petit je t'ai amené à pleurer dans mes bras. C'était tout ce que je pouvais faire, je n'avais aucun recours vis-à-vis de tout ça, si ce n'est t'écouter et te soutenir comme je pouvais en t'aidant à parler. Le contact déclenchait une rafale de larmes mais tu as fini par le rechercher quand même. Tu apprenais que tous les contacts n'étaient pas manipulations, tromperies ou douleurs ! C'était compliqué parce qu'à la fois ça semblait t'apaiser et pourtant les larmes s'activaient de plus belles. C'est à ce moment là que notre relation d'amitié mystérieuse a basculé vers quelque chose de plus officiel. J'arrivais maintenant à te prendre dans mes bras sans que tu bondisses si tu ne t'y attendais pas. Chaque nouvelle étape était difficile pour toi. Tout te ramenait à de mauvais souvenirs et était l'occasion de me parler, de te libérer un peu du venin que ce salaud avait distillé en toi.  J'ai aujourd'hui encore du mal à accepter cette réalité, tout ce que tu as réussi à me dire.  Tu avais mal, j'avais mal, et déjà nous ne faisions plus qu'un. 
Tu étais d'une telle force !  Comment un père peut-il faire endurer ceci à son propre fils de l'âge de 8 ans à 13 ans ! Comment peut-on survivre à cinq années de torture ou sa vie est assimilée à un corps mort ? Quand la victime se croit le coupable et que le bourreau se fait passer pour la victime ! Comment intégrer après un tel bourrage de crâne que le comportement de ton père n'était pas normal, que c'était lui l'adulte, lui le responsable, et surtout lui le pervers. Comment te faire accepter que tu étais trop terrorisé pour pouvoir faire quoi que se soit, et que tu n'étais pas coupable de ne pas avoir réussi à l'en empêcher. Que peut faire un gamin de 8 ans face à un homme qui a l'autorité sur lui et qui lui dit que c'est normal de faire ça, que d’ailleurs tous les gentils petits garçons font ça ! Sans parler des menaces.  - « N’en parle à personne, pas même à ta mère, elle serait tellement jalouse qu’elle en crèverait ! » Même des années après, avec le recul, comment sortir complètement de ces schémas inculqués dans l'enfance. Comment aborder sereinement la vie… l'amour ! Ton corps meurtri, sali, te dégoûtait. L'amour n'avait pas de sens pour toi… tout n'était que violence, douleur, abus et actes immondes. Sans cesse, chaque geste de tendresse te ramenait à cet enfer, cet abysse, à cette privation d'amour sain. Tu m'expliquais longtemps après que pour toi ces marques d'affection te renvoyaient soit à l'horreur soit alors tu te rendais compte de ce que tu n'avais jamais vraiment reçu même de ta mère, qui pourtant t'aimait mais n'était pas démonstrative.  Jamais tu n'avais envisagé avoir une relation avec quelqu'un. Non seulement à cause du traumatisme de ton corps, de ton cœur mais aussi parce que pour toi le sexe d'un homme était obligatoirement associé à la douleur. Cette douleur tu ne voulais pas l'infliger.  Combien de discussion autour de ça pour te faire comprendre que l'amour ça ne devait pas être ça !  Que tout ce que tu avais subit n'était que barbarisme et qu'en aucun cas, il n'y avait eu d'amour dans une telle démarche !  Je voulais que tu apprennes à t'aimer toi-même. En attendant, je t'aimais pour deux… 
Tu me faisais une telle confiance, quand j'y pense ! 
Il fallait vraiment bien te connaitre pour arriver à lire une telle détresse au travers du masque que tu affichais jour après jour. Il ne faut pas croire que tu craquais aussi facilement que ça. Bien au contraire, souvent tu donnais le change, même si au fond de moi je savais bien que tout était en ruine à l'intérieur de toi. C'est tellement difficile de trouver le juste milieu entre un soutien que je qualifierai de positif et un autre qui fait basculer encore plus creux. 
C'est pour ça que ce jour-là, quand en arrivant au pied de ton immeuble je t'ai aperçu à la fenêtre avec une cigarette, je savais déjà que ton seuil de tolérance était bien entamé, c'était forcément un jour “sans”. 
Evidemment je savais qu'il t'arrivait d'en griller une de temps à autre, mais la rareté de l'écart ne donnait que plus d'impact encore. 
Je savais en gravissant les marches à ce moment que j'allais te trouver en piteux état. Mon pauvre loulou, si seulement j'avais pu effacer une part de ta souffrance, alléger un peu tes démons, ton cœur fracassé. Mais non, rien ne pouvait t'apaiser, pas même les bons moments que nous avons passé ensemble. Ni les longues conversations, ni les délires que nous avons eu. Ton corps, on l'a découvert ensemble, étape par étape. Je n'étais guère plus fière que toi, mais je me devais d'être forte. Je n'avais pas le droit de flancher dans ces moments-là. Quand je dis étape par étape, c'est on ne peut plus vrai, puisque ça a commencé par le simple fait de te toucher. J’ai dû t’apprivoiser, comme un animal blessé. Te frôler les cheveux, poser ma main sur ta nuque. Ensuite est venue la découverte de chaque partie de toi. Un passage long et difficile, puis de moi. Tu étais tellement doux, comment aurais-tu pu faire mal à qui que se soit ?  C'était une peur omniprésente pour toi. Tu ne voulais pas me faire mal. Avant que ça devienne beau pour toi, et même bien souvent encore après, les larmes coulaient toutes seules. J'avais tellement mal, de voir tes yeux noyés ainsi. Je t'ai demandé chaque fois ou presque à quoi elles correspondaient. (Souvenirs, peurs…, images.) En revanche quand un jour tu m'as répondu que s’étaient des larmes de joie, alors là j'ai eu l'audace de croire que tu allais arriver à dépasser tes fantômes de douleur. Toi et moi, en faite, on se ressemblait. Aussi secret l'un que l'autre, emmurés dans le silence et pourtant au contact l'un de l'autre nous nous sommes ouverts. On se comprenait sans même parler, bien souvent le silence était au rendez-vous et seul le contact, serré dans les bras de l'autre suffisait. Je respectais comme toi ces moments qui étaient d'une richesse insoupçonnée. Tu savais m'écouter, me rassurer et m'encourager quand ça n'allait pas, même si mes problèmes m'apparaissaient soudain comme bien insignifiants… Mais tu m'engueulais gentiment. Tu me disais que NON ! C'est toi qui m’as appris que la douleur n'est pas quantifiable. Que chacun la ressent différemment et qu'elle ne doit pas être comparée ! Peu importe la cause, si ça fait mal, il ne faut pas la prendre à la légère.  C'est toi qui me disais ça… TOI QUI SOUFFRAIS TANT ! Aimer quelqu’un, c'est lui tenir la tête au-dessus de la cuvette quand il vomit et n’en être pas dégoûté ou plutôt, l'en aimer d'avantage ! (Montherlant.) Au milieu de cette souffrance, nous avons eu des moments (même s'ils n'étaient pas complètement insouciants) de joie, de pur bonheur. De grands éclats de rire, lorsque tu me charriais, me faisant gober n'importe quoi, comme ce jour où tu m'as fait croire que tu avais avalé un petit poisson vivant. Beurk quelle horreur ! Ou bien encore la fois ou je t'ai raconté un de mes cours de sanitaire et social. Lorsque pendant un exercice d'hygiène sur le bain d'un nouveau né, la tête du poupon a roulé sur le sol. Qu'est-ce que tu as pu rire, et moi aussi, rien que de te voir ainsi. Nos conversations sérieuses alternaient avec des moments de détentes ou tu me parlais de ton admiration pour les bateaux.

Passion qui t'est venue en scrutant le port des heures durant sur le lieu de tes vacances alors que tu n'avais que 14 ans.  Tu aimais la mer, les voiliers et tout ce qui s'y rattache. Moi aussi j'aimais la mer avant de te connaître, seulement la différence, c’est que toi tu avais une vraie passion.  Tu aurais voulu travailler sur les voiliers. Chaque année, vous passiez vos vacances au même endroit, et tous les mois d'août, tu vadrouillais sur les pontons, dans les pieds des travailleurs, à l'affût du premier qui aurait besoin d'un coup de main. 

Tu as réussi à travailler 3 semaines sur un chantier en Bretagne, pistonné par un vieux loup de mer, pour réparer la coque d'un petit bateau de plaisance. C'était ça qu'il te fallait. Quand je t'entendais en parler, je sentais bien que c'était ton domaine. Sur un voilier, un bateau ou même un rafiot, tu étais bien, détendu, beau.

Bientôt il y a le salon nautique à porte de Versailles, à coté de chez moi. J'ai souvent eu envie d'y aller depuis j'habite ici, je sais que tu aurais adoré. Je n'y connais rien du tout, mais j'aimais t'entendre en parler, même si je n'y comprenais rien. Mais je n'ai jamais osé, trop peur que ça me fasse plus de mal.  A bâbord, à tribord, amarrer, appareiller, la béquille, la poupe, la proue, le cockpit ou encore la carlingue… sans parler des mots compliqués que je ne retenais même pas.  Les nœuds marins représentaient une sorte de magie pour moi. Tu étais capable de reproduire n'importe quel nœud même complexe : nœud de pêcheur, nœud plat, nœud coulant…  Putain de nœud coulant ! La mer garde aujourd'hui encore un aspect particulier pour moi. Cette immensité, cette liberté, le calme que ça m'apporte de regarder l'horizon.Un sujet qui pouvait t'illuminer comme t'anéantir, c'était Marie. Ce petit bout de chou qui est née, là où elle n'aurait peut-être pas dû. Ton père a refait sa vie avec une jeune femme. Quelqu'un de très gentil, que tu aimais bien. Elle a eu une petite fille. Elle a toujours été curieuse de te connaître et voulait que tu fasses parti de la vie de sa fille. Quand tu as appris cette grossesse, tu l'as complètement niée.  Tu ne voulais plus rien avoir à faire avec ton père. Rien ne devait plus jamais vous mettre en contact. Tu avais tiré un trait sur lui.  Hors de question d'avoir quelque chose en commun avec lui. Les mois ont passé et Sandrine est venue te présenter ce bébé chez toi, en décembre 1993. Ta demi-sœur. Elle est venue seule avec le bébé, sans rien demander à personne. Sans jamais avoir su pourquoi tu ne parlais plus à ton père, elle a toujours respecté tes choix. Cette petite fée t'a ensorcelé. Son petit pyjama rose, si minuscule, t'avait impressionné. Sandrine ne t'avait pas laissé le choix, te mettant cette petite puce dans les bras. Passé la seconde d'aversion, tu l'as regardé et tu as dit à Sandrine : « c'est TA fille, pas la sienne, et TA fille est merveilleuse, elle est belle comme tout. » Marie a pris une belle place dans ton cœur, c'était ton petit rayon de soleil. Tu l'aimais tant cette petite « poupette » comme tu l'appelais. Tout t'émerveillait en elle, ses premiers gazouillements, ses petits sourires, ses premiers pas… Sans la voir très souvent tu suivais bien son évolution. Elle avait un grand frère attentionné, et même un peu gâteau. Tu te défendais en disant que tu étais victime de ses yeux rieurs.  Comment pouvais-tu douter de tes capacités à être père ? L'avenir te faisait tellement peur. Je comprenais mais je ne pouvais pas l'admettre. Impossible.  Quand tu parlais d'elle, ce sont tes yeux qui s'éclairaient, et parfois d'un coup ils s'assombrissaient. Le voile retombait et tes tourments avec. Avec des « SI », on pouvait refaire le monde. Nous avions donc commencé, un jour, à jouer à ce petit jeu, et ça donnait des conversations de ce style…  On est dans ta chambre, sur ton lit. Tu es assis dans l'angle du mur, et moi je suis assise entre tes jambes, adossé à toi. Tu m'enveloppes de tes bras. Nous avons les yeux fermés, et le jeu commence. -« Et si ? Normalement l'autre posait la première question. Chaque fois différente, commençant par un « et si…». Parfois léger, et s'il y avait de la glace au chocolat dans le « congélo »…, parfois plus sérieux.  - Et si l'on pouvait choisir le début de sa vie ? 
- Alors je changerais quelques paramètres. 

- Lesquels ?  - … 

- Comment aurais-tu voulu ta vie ? - … 


- Fermes les yeux et dis-moi ce qui te passe par la tête, même les trucs les plus fous.  - … 

- Quel petit garçon aurais-tu été, et quel homme ? - Je n'aurai pas eu de père… 


- … On en a tous un  - Quand j'avais 5 ans… 

- Tu étais comment ? - Heureux. J'avais une maman et un papa. Je faisais du manège sans me soucier du lendemain, ni même du soir. Je n'avais pas peur, je n’étais pas un enfant qui fait des cauchemars ou alors si rarement. J'avais une mère qui m'emmenait faire des courses, un père qui me portait sur ses épaules quand j'étais fatigué. Un enfant normal quoi ! Avec des parents classiques. 


- Et si on le faisait grandir ce petit garçon ? Comment il serait aujourd'hui s'il avait continué à grandir dans cet univers sécurisant ?  - Il serait le contraire de moi. Sûr de lui, allant de l'avant, ne bloquant pas sur le passé. Traumatisé, écœuré. Se demandant ce qu'il a fait pour en arriver là, vers cette lente agonie. 

- Ce qu'il a fait ? Hé là ! Tu n'as rien fait. RIEN ! Ce n’est pas l'enfant qui prend les décisions, qui a les commandes. - … 


- C'est certain Fred, c'est l'adulte, le père ET la mère aussi !  - … (Long silence) pas aujourd'hui… 

- D'accord mon loulou. »  Collé l'un contre l'autre, dans ces moments-là, aucune parole était utile.  Silence total ! Sentir les changements de respiration, quand les larmes se mettent à couler, étouffées, comme interdites ou coupables. Etre là, simplement, sans rien dire, parce qu'un seul mot, forcément maladroit serait le mal venu. Lorsque les mots sont vains, un geste est plus apaisant. Une main qui se glisse dans la sienne, une pression plus forte qui semble dire, vas-y je suis là… Naturellement, s'était installé une sorte de code entre nous. Quand les larmes, trop douloureuses descendaient en cascade, nos regards ne se croisaient pas. Une sorte de pudeur face à l'image que l'on renvoie. Quand la respiration se fait moins saccadée, que le corps reprend le dessus sur l'esprit, le silence est encore d'or. Un mot serait de trop, trop peu, trop lourd, trop tôt, trop fort ou bien encore trop faible. Parfois ce jeu prenait une tournure nettement plus légère comme cette fois ou nous n'avons pas vu le temps passer. Je ne me souviens plus du début, mais on avait enchaîné sur… - « Et si… - … - On pourrait se chercher un appartement. - Et changer de ville. - Même de pays, pourquoi pas ? - Ah oui et c'est où le pays des bisounours ? Ça n'a pas l'air mal là-bas ! - (rire) Arrête idiot ! (J’ouvre les yeux et me penche vers lui.) - (ferme les yeux tu triches) On aurait un joli appartement avec 3 pièces. - (rire, toi aussi tu triches, sinon tu n'aurais pas vu que je les avais ouverts) Trois ? - Oui avec un salon, et 2 chambres ! - Pourquoi deux ? Une c'est bien pour commencer ! - Non une pour toi et une autre pour… une femme de rechange ! - Ohhhh je rêveeeeee ! - … éclat de rire. - C'est même pas drôleeeee ! (Je rouvre les yeux) - Mais noooon pour un bébé. - (je referme les yeux) Ah ! Là, ça devient plus intéressant déjà. Un bébé ? - Oui et même 2. - Ah ! De mieux en mieux. Fille ou garçon ? - Les deux, mais une fille d'abord. Une petite poupette. - Hum ! Ça me va. - On doit pouvoir trouver un terrain d'entente. - C'est un bon début n'est ce pas ? - Merde le car, faut que j'y aille ! Oh nooon! - Allez ! On a encore un peu de temps avant que Quentin et Laura ne se chamaillent. Je t'accompagne, viens. - Je voudrais ne jamais repartir. 

- Je t'aime »

Toi et moi c'était pour la vie. Nous faisions des projets à long terme. Un moyen d'avancer, de poser tes valises bien trop lourdes du passé, pour se jeter dans le futur.  Seulement le présent était là pour nous ramener à la réalité. Cet appartement où tu vivais, tout d'abord, que ton père payait… tu aurais tellement voulu qu'il en soit autrement… mais comment faire sans un salaire fixe ; tes petits boulots ne te le permettaient pas. En échec scolaire progressif depuis longtemps, tu as petit à petit perdu le goût d'étudier. Ne t'intéressant plus aux études tu avais tout lâché à 17 ans, à la mort de ta mère. Sans formation de base, tu courais où le vent te poussait. De bouche à oreille, livreur ici ou là, travail aux espaces verts, peinture… rien ne te freinait, mais ce n'était pas suffisant pour t'assumer seul. Quant à moi j'étais prisonnière du lycée, et chez mes parents. L'ambiance était bien pesante chez moi, et quand j'ai dû changer de lycée en septembre 95, tout s'est précipité… C'était devenu ingérable pour moi, et tu le voyais bien. Je me décomposais de jour en jour. Là, tu as voulu que je parte, pour que je casse cette chaîne qui m'emprisonnait.  Tu me disais que c'était le moment de saisir la chance, de se lancer dans l'avenir ! Que j'avais un point de chute grâce à mes sœurs ! Que finalement Paris, c'était une bonne idée. Tu avais réponse à toutes mes questions, toutes mes angoisses. Partir, oui, alors là j'en rêvais, mais pas sans toi. Là aussi tu avais ta réponse toute prête, me disant qu'on ne pouvait pas débarquer à deux sans rien. Que je pouvais y aller en éclaireur, me trouver un boulot et que tu me rejoindrais après. Qu'en plus tu ne pouvais pas partir comme ça alors qu'à cette période tu avais un boulot ! Mais que dès que possible tu me rejoindrais. Pff il faut être vraiment naïf, mais oui je t'ai cru ! Et alors là plus rien ne pouvait me retenir. Une fois ma décision prise, du jour au lendemain j’ai dit à mes parents que je ne retournerai pas au lycée. C’est bien la première fois que j’imposais quoi que se soit. La surprise fût générale. Mon départ pour Paris devenait une fête. Bien sûr il allait nous séparer quelque temps, mais j'étais confiante, il annonçait un nouveau chapitre qui allait bientôt commencer. Après cette période bien difficile, je voyais enfin une ouverture. Tu semblais également tellement te réjouir. Comment aurai-je pu douter ? Aurais-je dû sentir que tu ne te réjouissais pas pour les mêmes raisons que moi ? Est-ce que l'amour rend si aveugle ou est-ce plutôt l'espoir qui s'est joué de moi ? La veille de mon envol tu m'as offert une chaîne avec un pendentif, elle ne me quitte plus depuis des années ! Il y a peut-être 6 ans j'ai cru l'avoir perdue, j'en étais folle, j'ai retourné toute la salle bain et même questionné ma sœur pour savoir si elle ne l'avait pas vu. J'avais les larmes aux yeux. A partir de là, j'ai décidé de ne plus la retirer. Elle fait partie de moi, au même titre qu'un bras ou un pied. Depuis que tu me l'as donné, j'ai pris l'habitude de « manger » le poisson, je joue machinalement avec, le tripote. C'est un automatisme. Sans m'en rendre compte, je me surprends toute seule, et bien souvent je suis en train de penser à toi. N'importe où, dans le métro, en pleine réunion, comme en présence des enfants à la crèche. C'est amusant de voir comme ils sont observateurs. Quand je les ai dans les bras bien souvent ce sont eux qui mettent ce petit poisson dans ma bouche, et ça depuis qu'ils sont bébés. Ils l'ont toujours manipulé avec précaution, pourtant la chaîne est tellement fine que bien souvent les gens ont peur qu'elle se casse. Si ça devait arriver, je serais anéantie. Là encore, tout c'est accéléré… mon arrivée à Paris, mi-octobre 95, inscription à l'ANPE, petites annonces… et un mois après j'avais décroché un emploi. Je devais officiellement commencer au 15 janvier mais officieusement dès le début décembre. J'étais vraiment sur mon petit nuage. Tout s'enchaînait. J'étais bien chez ma sœur et alors je me laissais vagabonder dans des rêveries, tous nos projets… tout allait bien aller maintenant c'était sûr ! Tu allais me rejoindre, j'aurai parlé à ma sœur et dans l'immédiat tu serais venu t'installer avec nous. Je sais que ça n'aurai posé aucun problème. Et puis l'été allait arriver et on devait partir en vacances toi et moi… on en rêvait depuis si longtemps. Et puis dans quelque temps… ce bébé qu'on voulait tant ! Surtout moi, parce que toi tu avais peur. Mais… parce qu'il y a toujours un « mais. » Je retourne en décembre chez mes parents, cela fait plus de deux mois que je ne t'ai pas vu et là je retombe très vite de mon nuage. J'aurai dû revenir avant Noël, rien que pour toi, sans prévenir mes parents pour n'être qu'avec toi. Un week-end entier. Même ça je ne l'ai pas fait. Mon dieu quelle idiote je suis. J'étais bien trop sûre de moi pour une fois. J'y ai trop cru, que ça allait marcher. Et puis en dehors du fait qu'il fallait payer le train, je me serais sentie obligée de justifier où j'allais. C'est peut-être surtout ça qui m'a retenu loin de toi. Quelle connerie j'ai fait là. Paris, Paris devenait LA solution ! J’étais complètement aveuglée par cette liberté soudaine. Comme si j'avais des ailes qui me poussaient dans le dos ! Mais toi… Tu vas mal, très mal et malgré ce que tu essaies de dissimuler je le vois bien.  Tu es souriant et excessivement joyeux, tu ne me trompes pas Fred, je te connais trop bien ! En plus tu as perdu du poids, tu as une mine épouvantable. Tu as joué la carte de la plaisanterie, me disant que tu avais perdu le bronzage de ta dernière virée en mer. Que tu étais grippé et mangeais donc un peu moins ! Tu m'as dis de ne pas m'inquiéter. Comme si c'était possible…  Merde, tu m'as menti Fred ! Comment tu as pu ? 
Noël passe et je dois repartir pour Paris, te laisser… nous sommes le 26 décembre 95. Tu m'avais fait peur, tu étais plein d'idées noires. Je m'en voulais de te laisser alors que tu avais le moral à zéro seulement tu refusais de me suivre à Paris tout de suite. Je n'ai pu que m'incliner, pourtant je le regretterai le reste de ma vie. Je crois que j'avais trop peur de cette réalité. Je ne pouvais pas me dire que c'était peut-être la dernière fois.  Oh non ! Il ne pouvait pas y avoir de fin. C'était trop dur de penser ça, et pourtant… Là, pour la première fois, la trouille m'a vraiment envahie. Je me souviens de cet après-midi, je savais que j'allais devoir te laisser. C'était tellement dur. Je ne t'ai pas quitté d'une semelle. Nous avons dévoré un paquet de paille d'or. On s'est même endormi tous les deux. Quand je me suis réveillée, dans tes bras, tu me regardais. On est restée longtemps comme ça. Seul au monde. J'étais tellement inquiète, mais je parlais de l'année à venir, et puis tu me rassurais une fois de plus. Quand est venu le moment de partir de chez toi, je pleurais, c'était tellement dur de m'éloigner encore de toi. - Viens je t'en prie ! Je n'oublie pas ton regard sur le quai du car qui faisait marche arrière pour me ramener chez mes parents. Le lendemain je repartais pour Paris. Aujourd’hui je crois que dans tes yeux c'était bien un adieu que je lisais. Ton visage amaigri, tes yeux trop sombres, ton sourire. C'était le moment de revenir sur mes pas. De descendre de ce car, faire demi-tour. De sauter dans tes bras et d'y rester. Malheureusement je ne l'ai pas fait… Je me suis contentée de te dire que je t'aimais avec une grosse boule dans la gorge. Pourquoi, mais pourquoi je n'ai pas compris ! Je suis bien repartie à Paris le 27 décembre, je me souviens avoir cherché en vain à te voir dans cette gare, espérant que tu aurais pu changer d'avis et me suivre. Même dans le train, je continuais à espérer que tu me ferais la surprise, une fois le train parti, de te planter devant moi en disant : «Oui je suis là finalement. »  Mais non tu n'étais pas là, et déjà bien trop loin de moi. Déjà la distance kilométrique augmentait entre nous, et je sais avec certitude que tu savais que c'était la dernière fois qu'on se voyait.  Même pas une semaine après, tu n'étais plus là.

 

 

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