Ta vie, ton combat. Ta mort, ma révolte !

Avant toi

07/09/2007 00:00

 

Je suis la cinquième et dernière fille de ma famille, après une puis deux puis trois… arrivé à moi plus aucun doute ne subsistait je serais une fille. C'est d'ailleurs comme ça que mes parents ont présenté la grossesse à mes soeurs, qui avaient déjà tout compris vu que ma mère était déjà enceinte d'au moins 6/7 mois.
“-Vous allez avoir une petite soeur ou un petit frère… enfin ce sera sûrement une soeur !” a dit mon pè
re.
Mes soeurs étaient contentes mais espéraient plus que tout que je sois bien une fille !
Vous imaginez la peur qu'elles avaient à l'idée qu'un garçon puisse ainsi débarquer… Même si leurs sentiments étaient masqués mes parents souhaitaient ce garçon qui n'arrivait pas ! Et dans la tête de mes soeurs, ou serait leur place…
J'ai donc 4 soeurs âgées aujourd'hui de 43, 42, 39, et 37 ans… Je suis arrivée 7 ans après la bataille, je ne sais par quel “miracle”. Accident ou pas je n'en sais rien !

A cette époque la vie n'était pas facile, mes parents travaillaient dans une ferme et mes soeurs aidaient beaucoup. J'étais comme on dit, la petite dernière et j'ai été épargnée de ce travail pénible. Mais chez moi, on ne parle pas, alors je grandis ainsi dans cette ambiance lourde, ma soeur aînée Patricia, s'occupe beaucoup de moi puisque ma mère est souvent retenue par son travail. C'est elle qui me promène, joue avec moi et qui aujourd'hui me raconte des anecdotes me concernant. Ma mère n'a aucune mémoire et quand on lui pose une question, sa réponse systématique c'est qu'elle ne se rappelle pas.
Les années passent, les problèmes augmentent dans la famille… leur travail cause beaucoup de soucis à mes parents, mais je ne comprends pas. Ils ne nous expliquent rien, ne nous parlent pas, déjà à peine entre eux. Mon père boit, ma mère pleure et je ne sais pas, je ne sais rien.
Ma mère désespérée recherche l'amour de ses enfants qui je pense, peu à peu s'éloignent de tant de secret, non-dit, et non reconnaissance. Elle fait du chantage affectif, n'hésitant pas à dire qu'elle n'a plus qu'à se jeter dans le puits si même ses enfants ne la soutienne pas. J'ai complètement fait l'impasse de cette période de ma vie. Étais-je trop jeune, ou est-ce plus facile de nier son existance ?
Mes soeurs grandissent et les 2 aînées quittent la maison pour aller travailler. Elles ont alors 18 et 19 ans.
Dans la foulé, l'échec de l'agriculture fait que nous déménageons. J'ai 7 ans. Nous voilà dans un appartement, dans une petite ville, ou rapidement je me fais des amies.

Mais l'alcoolisme de mon père augmente, la dépression de ma mère également. Je pense que l'un entraîne l'autre à la dérive.
Je grandis, pas le choix… mais plus suprenant, en souriant toujours, en étant super joyeuse, au point de tromper tout le monde, même mes propres soeurs. J'excelle dans le domaine du faire semblant.
Aucune situation ne m'est expliquer. Un jour, le téléphone sonne un matin très tôt. Mes parents apprennent le suicide d'un de mes oncles. Je devais avoir environ 8 ans. J'ai compris ce qui se passait en écoutant vaguement la conversation à mots couverts. Mes parents se sont absentés, sont allés à l'enterrement, et à aucun moment ils ne m'ont expliqué. Seul le mot “mort” m'a été dit. Je savais quand et comment mais je n'ai rien dis puisque personne ne m'avait prévenu, je ne devais donc pas être au courant.
J'ai pleuré et pleuré seule dans mon lit. Quand quelques jours plus tard j'ai entendu : “c'est bizarre Manue, n'a pas l'air triste” et ma mère qui a répondu “tu sais elle est jeune elle ne comprend pas”. Ces mots-là, ils m'ont déchirer le coeur.
J'avais l'impression de ne pas être comprise, que jamais personne ne se rendrait compte de ce que je vivais. Et plus ça allait plus je m'enfonçais dans ce rôle. Plus mes parents allaient “mal” et plus je me devais d'aller bien. Il était tout simplement inconcevable que je puisse devenir comme eux ! Alors pour ça j'ai préférer cacher mon mal-être pour les épargner. Sauf que c'est un cercle vicieux !

La vie c'était triste et moche dans mon coeur. C'est comme ça que je me suis retrouvée sur la fenêtre de ma chambre un jour, au 4 ème étage avec la ferme intention de m'en laisser tomber, avec un petit mot dans ma poche. Mais je ne l'ai pas fait, je suis redescendu et j'ai fait comme si de rien n'était.
J'ai même envie de citer un passage d'un livre que j'ai lu plus tard et qui m'a beaucoup touché “mourir à 10 ans” de Claude Couderc.
“La tête d'un enfant c'est tellement petit qu'une parole suffit pour vraiment tout casser à l'intérieur.”
Puis mes soeurs ont toutes quittées la maison. La 3ème à l'âge de 18 ans pour allée à la fac et la 4ème à presque 20 ans pour aller travailler.
A 13 ans je me retrouvais fille unique. Un âge ou l'on a besoin de parler, besoin de conseil… moi j'étais seule. Alors j'ai continuer à avancer comme ça cahin caha…
Quand pour un week-end mes soeurs venaient de temps en temps à la maison, c'était une fête pour moi. Je rayonnais, enfin de la joie à la maison et des discussions… Elles racontaient leur travail, les appartements, leur vie de nouvelle parisienne. C'était des histoires merveilleuses pour moi… ça avait un tel parfum de liberté. Mais dès leur départ ça résonnait aussi avec inaccessible. Tant d'années avant la majorité, et pourtant c'était clair dans ma tête que le jour de mes 18 ans je partirais. Je me répétais ça comme une chanson, comme un moteur, comme un espoir !!!
Mais c'est long un mois, un an, quand on est enfant… alors que les grandes personnes passent leur temps à dire que la vie défile trop vite. Ça donne cette impression que jamais on ne grandira, et que la seule solution c'est de mourir.
J'ai continué à grandir avec ce sentiment.
Jusqu'au jour où les choses ont pris une autre forme grâce à une rencontre… Mais là c'est une autre histoire…

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